Les échéances :

Rien jusqu'à la rentré du 3 mai

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Signez et faites signer la pétition !

Blog de coordination des initiatives pour garder Mandela.

Vous pensez que Mandela doit rester en France ? Vous trouvez que ce n'est pas à la police ou à la préfecture d'évaluer le sérieux des études et des recherches des étrangers ? Vous pensez que c'est possible d'être malien, anthropologue, enseignant, pauvre, et pourtant digne de la nationalité française ? Vous trouvez que l'identité nationale, ça fait se marrer les baleines de tous les océans, et que ça sent trop son mauvais litron ? Voire sa milice ?

Vous trouvez que trop c'est trop ?

Ce blog est fait pour vous !

lundi 19 avril 2010

Evacuation de la rue du Regard, synopsis par un enseignant-cinéaste de Paris 8

Votre serviteur avait dix-huit ans, quand le comité de lutte de son lycée avait invité un cinéaste militant du groupe Dziga Vertov. C'était Jean-Henri Roger. Celui-ci, n'ayant finalement pas trop changé ses habitudes ni ses fréquentations 36 ans après, nous fait le récit de l'évacuation du piquet de grève des sans-papiers de la rue du Regard où nous rondions avec Mandela, rue hélas filmée aussi par les flics.

*

[1er - 2 avril 2010] Ce fut une journée forte. Je reçois un coup de télé à 1h du mat pour dire que la rue du regard va être évacuée le lendemain matin, c'est un mec des rg qui à prévenu la cgt. On fait le tour des cinéastes, ceux qu'on peut appeler a cette heure. Christophe R et dispo. Il arrive à 5h30 rue du regard et rentre, moi 5' plus tard et je ne rentre pas, la rue est bloquée. J'appelle Christophe R pour lui dire qu'ils arrivent, à 6h30 l'opération est terminée, ceux qui étaient à l'intérieur son évacués, rejoints par les soutiens dans la rue du regard une petite centaine en tout entourée par des gardes mobiles, la situation est tendue. Et là on assiste à la manoeuvre la plus stupide de l'histoire de la préfecture. Ils décident de nous accompagner au métro, tu vois le truc, on met presque une heure pour traverser la rue de Rennes.
Visiblement les consignes étaient : évacuation sans arrestation, ni blessés, il faut que cela fasse pub pour la conférence de presse de Besson et pas tâche. Le mec qui a dit à la préfecture pas de problèmes, est un génie tactique et nous le remercions tous. Bref vers 7h30 nous sommes devant l'entrée du métro St Placide, 150 maintenant. Laurent C est arrivé et d'autres prévenus par sms. Je descends dans la station pour voir ce qu'il se passe, et là je vois et écoute le flic que j'ai dejà repéré comme le second de la commissaire principale, 40 ans pantalon tailleur très 7° arrondissement, qui mène les opérations. Il demande a la fille de la station de faire en sorte que les trains ne marquent plus l'arrêt à la station! La fille est ahurie et lui explique que cela ne peut se passer comme cela qu'elle ne peut décider elle, bonjour la préparation de l'opération ! Le flic est obsédé par l'idée que si des gens sortent du métro quand ils nous poussent il peut y avoir des gens piétinés, "Charonne" doit être étudié au cours sur le maintient de l'ordre. Au bout de 20 minutes de ce manège, je monte dire aux types de la cgt ce qu'il se passe, ils appellent le mec de la cgt de la ligne 4 qui une demie heure plus tard fait un communiqué disant qu'il ne seront pas des auxiliaires de police. Le responsable de la cgt de la ratp nous rejoint et dis a la fliceuse qu'il s'opposeront à toute manoeuvre qui faciliterait leur travail.Il est 8h on est plus de 200 maintenant.

A 10h, la revendication pour quitter les lieux est énoncée, un rendez-vous avec le ministère du travail. Il y a de plus en plus de monde, c'est tendu, les gardes mobiles nous entourent et ne laissent plus les gens qui arrivent nous rejoindre résultat au bout d'une heure ils sont eux même entourés par de nouveaux soutients. La fille du 7° flippe et comprend que la situation est devenue ingérable pour elle, quand elle menace d'embarquer tout le monde et fait quelques manoeuvres pour rendre crédible cette hypothèse, on ne bouge pas. Puis vers 13h les politiques arrivent, le président de la région, une forte délégation de verts et du front de Gauche, le maire fait un communiqué. Les gardes mobiles sont relevés par des flics de la pp, Louis Garrel est arrivé et la fille du 7° parle avec lui, Louis joue le jeu, on se marre. La préfecture est arrivée à rendre possible ce que nous recherchons depuis 6 mois, mouiller les politiques. Le ministère accepte le principe d'une réunion mais pas au ministère du travail, les grévistes refusent. On reste, il y a jusqu'à mille personnes,

plein de signataires passent, les flics ne savent pas quoi faire, on apprend qu'il y a une réunion au ministère du travail avec le ministère de l'immigration, c'est la première fois qu'une telle réunion a lieu, les choses bougent. Il y a en même temps une réunion avec les organisations patronales du btt, de la restauration et des syndicats, ils reprennent la déclaration commune qui existait déjà avec une organisation de petites entreprises du btt, mais là il s'agit d'organisations importantes, le texte commun réclame une circulaire claire qui permette la régularisation des travailleurs. A 9h du soir, il est clair qu'il n'y aura pas d'évolution, la dame du 7° se pose la même question que nous : comment tout cela va finir ?

La marie de Paris traumatisée par Cachin ne propose rien, les grévistes veulent trouver une solution pour ce soir avant de trouver un autre lieu à occuper comme piquet de grève, donc un organisme paritaire ou patronal. Christophe R Laurent C et moi téléphonant au président de la srf et vice président et quelques membres du ca, dont de nombreux sont passés dans la journée. Nous allons proposer aux grévistes de passer la nuit dans les locaux de la srf. On précise que cela ne peut être que pour une nuit qu'il n'y a aucune logistique et que le matin à partir de 9h, 35 personnes qui travaillent à la quinzaine des réalisateurs arrivent. On se met d'accord, les types de la cgt nous disent qu'ils cherchent une autre solution que rien ne bougera avant 11h, Christophe va manger avec N, Laurent C Louis G et moi allons au bistrot manger en disant aux grévistes où nous sommes. Pas le temps de manger nos entrecôtes ou tartare qu'un copain de la cgt arrive et nous dit il faut y aller.

Laurent C prend son scooter et part à la srf et moi je prends le métro avec les grévistes. Arrivé gare de l'est, j'ai l'impression d'être Charlot dans les temps modernes, je me rends compte qu'il y a 400 grévistes sur le quai, panique. Palabre j'explique que c'est impossible, que seuls les grévistes de la rue de regard peuvent venir en une petite demie-heure c'est réglé.
Laurent C panique à son tour, il voit arriver 250 grévistes qui rentrent à la srf, en effet les grévistes dormaient par roulement rue du regard. Palabre on explique, tous se rendent compte que c'est impossible, on décide que, comme rue du regard, seule une partie dorment ici. Restent ceux qui habitent loin finalement 87 grévistes vont dormir là. Il est 1h du mat, on s'enferme Laurent C, Christophe et moi dans un bureau pour faire une communiqué de presse et convoquer une conférence de presse le lendemain à 14h à la srf avec les grévistes et les soutiens, fini à 3h, je propose à Christophe et Laurent qu'ils rentrent chez eux et viennent me relever à 7h30. Cela faisait longtemps que je n'avais pas dormi par terre sans rien, pas génial, je n'ai pas dormi. Laurent C et Christophe R arrivent comme convenu, les grévistes qui n'ont pas beaucoup dormi aussi, il n'y avait rien pour organiser la nuit, quittent la srf, passent la serpillière dans les wc, tout s'est bien passé.

14h : conférence de presse, pas beaucoup de journalistes, libé, le monde, france-inter et info, l'afp.

Voilà un résumé de ces deux jours, je t'embrasse

jean-henri




samedi 17 avril 2010

Répondez Monsieur le Consul !


Paris, le 31 Mars 2010

Lettre ouverte à Son Excellence Monsieur le Consul Général de France à Dakar

Son Excellence Monsieur le Consul Général

L’indifférence que vous avez affichée ne me laisse pas d’autre choix que de vous adresser une lettre ouverte pour protester vivement contre le tort que vous avez causé à ma mère et à moi-même.

Mon histoire est la suivante. Ma mère a déposé une demande de visa de court séjour pour venir assister à ma soutenance de thèse de doctorat en droit à Paris. La soutenance était initialement prévue le jeudi 7 janvier 2010. Après avoir déposé son dossier le 30 décembre 2009, vos services lui ont donné rendez-vous le 4 janvier, vu qu’elle avait fait une réservation pour le 5 janvier 2010.

Le moment venu, elle s’est vue refuser le droit d’aller assister à la soutenance de thèse de son fils.

Le rendez-vous du 7 janvier n’eut hélas pas lieu. La nature s’en est mêlée, empêchant un avion qui devait transporter un membre du jury de décoller de Toulouse car il y avait une intempérie de neige. La soutenance fut reportée au jeudi 28 janvier 2010.

Ma pauvre mère reconstitua un dossier, en espérant que le coup du sort qui a fait reporter ma soutenance du 7 janvier allait produire le coup de miracle qui fera en sorte qu’elle puisse assister son fils en étant présente à ses côtés, le jour de sa soutenance de thèse.

Un rendez-vous est à nouveau pris pour le 19 janvier et le 21 janvier vos services lui ont encore dit non malgré toutes les dispositions qu’on a prises, malgré le fait qu’elle ait été invitée par l’Ecole doctorale de mon université, malgré toutes les garanties que nous vous avons données.

Son Excellence Monsieur le Consul, en vertu de quelle logique une mère n’a-t-elle pas le droit d’assister à la soutenance de thèse de son fils ?

Votre refus injuste et injustifié signifie qu’elle n’est pas digne de fouler le sol français pour assister à un événement qu’elle attendait depuis plus de huit ans.

Votre comportement traduit l’idée qu’une mère française serait plus mère de son enfant que ne l’est une mère sénégalaise, une mère africaine.

Si vous nous avez traité de la sorte, c’est parce que nous appartenons à un pays pauvre. Mais la pauvreté n’est pas une tare et une mère issue d’un pays pauvre a le droit d’aller voir son fils pour une si bonne raison. De toute façon, une mère a toujours le droit de rendre visite à son enfant sans avoir à fournir de motif.

Son Excellence Monsieur le Consul, la liberté d’aller et de venir est un droit universel, comme aménagé dans l’article 13 alinéa 2 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme du 10 décembre 1948 qui dispose : « Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays ».

Quand je pense que la France a la prétention d’aller enseigner aux peuples du monde entier ce que c’est que les droits humains parce qu’elle serait le pays des droits de l’Homme, permettez-moi de vous dire que c’est une bien regrettable façon de donner l’exemple.

Être issu d’un pays pauvre est certes un handicap, ce n’est point une tare. Etre ressortissant d’un pays riche est certes un avantage, en aucun cas un mérite. Surtout quand on sait que la France a été construite avec, aussi, la force des fils d’Afrique, qui ont défendu l’honneur de votre patrie en versant leur sang. Je passe sur nos ressources et nos richesses qui ont été pillées par qui vous savez.

Il n’est pire forme de mépris que de dire à une personne qui vient demander un visa à vos services, « nous refusons, nous ne vous disons pas pourquoi et vous n’avez pas à demander pourquoi non plus ». Le pouvoir discrétionnaire dont se prévalent vos services pour refuser toute justification et toute explication ne saurait justifier le mépris et l’humiliation. Votre politique en la matière gagnerait à avoir plus d’humanité, de logique, de panache et de grandeur.

Vous avez humilié une mère, vous avez blessé et frustré son fils qui, au soir du 28 janvier 2010, a trouvé que son grade de docteur avait un goût amer parce qu’il aurait légitimement aimé avoir sa mère à ses côtés. Cette façon de rabaisser tout un peuple en leur montrant chaque jour que vous ne voulez pas d’eux chez vous ne grandit point la France.

Peut-on sérieusement croire qu’une femme de 62 ans risque d’émigrer en France en laissant ses enfants, son domicile et tous ses proches au Sénégal ?

Mieux, ce n’est point élégant de pendre les 40 000 FCFA des gens (environ 60 euros) sans les leur rembourser si vous savez au moment même du dépôt du dossier que vous n’avez pas l’intention d’honorer leur demande. Vous vous dites sans doute que vous allez décourager les pauvres Africains en tapant sur le portefeuille.

Mais, Son Excellence Monsieur le Consul, nous avons, comme tous les peuples du monde le droit de voyager, de découvrir, de visiter. Ce n’est pas un privilège qui est réservé aux Français et aux riches.

Vous savez Monsieur le Consul, la roue de l’histoire, elle tourne et un jour viendra, sans doute, où les choses changeront.

Il nous suffit d’avoir des dirigeants respectables et pas complexés pour défendre nos droits et notre honneur. On ne l’attend certainement pas de ceux qui nous gouvernent aujourd’hui !

Permettez-moi de vous laisser méditer cette phrase de Montesquieu : « Si je savais une chose qui fut utile à ma nation mais nuisible à une autre, je ne la proposerais pas à mon Prince parce que je suis homme avant d’être français, parce que je suis (nécessairement) homme mais je ne suis français que par hasard ».

Être homme est la constante qui nous unit et qui devrait nous réunir ; être Européens, Africains, Français ou Sénégalais est le fruit du hasard !

Son Excellence Monsieur le Consul, tous les peuples ont une égale dignité, et priver une mère du plaisir d’assister à la soutenance de thèse de son fils sans aucun motif, sans aucune raison, juste pour le plaisir est un acte qui n’honore pas la France.

Je vous prie de croire, Son Excellence Monsieur le Consul, à mon sentiment de respect pour l’HOMME que vous êtes.

Ibrahim GUEYE

Docteur en droit- Paris

vendredi 16 avril 2010

Voyage "virulent" en sous-péfecture bisounours

(De notre envoyée spéciale-anthropologue)

13 avril 2010, 14h, rendez-vous à la Sous-préfecture du Raincy

pour la remise de la carte de séjour étudiant de Mandela.

Après la prise de ticket au guichet pour devenir un numéro, et 2h d’attente, nous sommes reçues par une agente de la Sous-préfecture. Au moment où elle remet la carte d’un an à Mandela (carte datée du 19 mars 2010, soit le lendemain de la manif et le surlendemain de la levée de l’OQTF, drôle de coïncidence !) nous interrogeons sur le pourquoi pas d’une carte résident soit salarié soit vie privée/ vie familiale. Après relecture du dossier en diagonale et de son écran d’ordinateur, elle ne sait que nous répondre et nous renvoie dans une autre « case » pour discuter avec son collègue.

Le non changement de statut est alors de nouveau interrogé avec un Monsieur. N ; pourquoi une carte d’étudiant alors que Mandela n’est plus l’élève de Mendes mais son collègue ? Il reprend le dossier de Mandela et nous en ressort les raisons : une lettre de la présidence de Paris 8 qui demande une carte d’étudiant, ainsi qu’un mail de quelqu'un du cabinet de Besson (ah tiens, il a donc bien reçu et pris en compte notre fax !) qui demande lui aussi le statut d’étudiant. Nous parlons des lettres des Maires de Saint Denis et de l’Ile Saint Denis, et des contrats de travail, mais ils ne semblent pas être présents dans le dossier !

Cette discussion « virulente » soulève, outre le fait que la Préfecture ne prend en compte que les documents qu’elle veut, deux points intéressants :
  • d’une part la présidence de Paris 8 a un certain pouvoir dans les prises de décision de la Préfecture, puisqu’au moment où M. N nous lit la lettre de celle-ci, nous demandons ironiquement ce qu’il en aurait été si elle avait demandé un changement de statut et une carte salariée, notre interlocuteur, nous répond du plus sérieusement, que Mandela l’aurait sûrement eu. Intéressant !
  • D’autre part, l'homme du cabinet de Besson a reçu notre fax et a eu des échanges avec la Préfecture pour prendre la décision de maintenir le statut d’étudiant. (NDLR : Le bon procédé par lequel nous avons responsabilisé la Présidence en lui demandant d'envoyer notre fax a-t-il été traversé, quelque part par un autre procédé modérantiste mais pas forcément bon ?)
Ensuite, alors que nous évoquons les différentes cartes possibles : étudiant, salarié, vie privée/vie familiale, scientifique (= chercheur) et, compétence et talent (carte de 3ans non renouvelable et quasiment impossible à avoir), il nous explique que pour un changement de statut d’étudiant à salarié, il faut, à la fin des études, prendre un rendez-vous avec la Préfecture (possible entre 8h30 et 11h si la secrétaire est là !) et apporter lors de celui-ci son diplôme afin que d’obtenir une APS (Attestation Provisoire de Séjour) de 6 mois, le temps de trouver un emploi avec un contrat et d’avoir alors une carte salarié. Rendez-vous que Mandela a essayé d’avoir à plusieurs reprises pour discuter de son changement de statut, mais dont il est toujours resté sans réponse, hormis celle qui lui a été donnée quand on lui a conseillé de garder son statut d’étudiant (= cristallisation, c'est le terme qu'emploie notre avocate pour désigner les tromperies aux guichets). Nous demandons alors à M. N qu’il nous donne un rendez-vous, mais impossible, il ne peut pas tout faire (nous expliquer les dossiers, prendre des rendez-vous et pourquoi pas « passer la serpillière » !)

A savoir que tout au long de « l’entretien », M. N nous pose sans cesse la question « mais vous la voulez cette carte étudiant ? » Bien sûr qu’on la prend cette carte, mais nous voulons aussi discuter de l’aberrance de celle-ci alors que Mandela est salarié et accessoirement étudiant (comme nous le sommes - ou du moins devrions l’être – tous, tout au long de notre vie, c'est-à-dire apprendre et développer des connaissances et des pratiques, sa seule faute c’est d’être étudiant avec une inscription universitaire). Volonté d’abréger ou de nous manipuler, mais par cette question insistante et incessante, il nous fait comprendre que cette carte est déjà pas mal, que nous n’avons pas à nous plaindre, qu’elle permet un an de séjour sur le territoire français, et qu’il faudra faire une demande de changement de statut l’année prochaine. Finalement, nous répondons, une fois de plus, par oui à la question, Mandela signe et récupère sa carte en échange de 30 euros (ou plutôt 60 euros, puisqu’un timbre avait déjà été donné lors d’un premier rendez-vous en janvier, mais égaré depuis !).

mardi 6 avril 2010

Le cas Mandela devient un jeu !


Les épisodes de mobilisation ont cette grande caractéristique de susciter les facultés intellectuelles d'étudiants que la réforme du LMD à plutôt habitués à dormir. Voici une proposition de jeu, que la rédaction ne croit pas devoir passer sous silence, même si manifestement les auteurs ne jouent pas au Go, le seul jeu autorisé en anthropologie à p8 ! Une lecture du "jeu des perles de verre" de Hermann Hesse eût été aussi requise pour aborder un terrain aussi délicat. Mais que voulez-vous, on ne saurait censurer les dazibaos qui viennent de l'esprit de révolte, et la rédaction n'a qu'à filer doux, malgré ses timides objections.

Je est l’autre, je suis je, donc je suis l’autre

Je joue à je et à l’autre

[NDLR : faiseur de bon mots, mauvais caractère (Pascal)]

Expliquons et jouons

Nombre de joueurs : le nombre de joueurs est illimité et peut varier au fil du jeu.

Age des joueurs : aucune discrimination n’est faite concernant l’âge des joueurs. Il en est de même pour tout autre critère. Toute personne voulant jouer est admise.

Durée : le jeu se termine quand le but de celui-ci sera atteint.

Terrain de jeu : il n’est à priori pas donné de limites de terrain concernant ce jeu. Commencé à l’Université Paris VIII, il s’étend peu à peu à la Seine Saint Denis et peut être envisagé dans la France entière.

Matériels nécessaires: essentiellement des supports de communication (tracts, affiches, banderoles, blog, portables, etc.), des vidéos, des courriers, etc., mais aussi du matériel nocif tels des cartes de séjours, des OQTF, etc.

Personnages : il faut un Mandela comme point de départ du jeu. Ensuite au fil du jeu, apparaissent un certain nombre de personnages tenant différents rôles. Ce peut être des personnages étatiques (préfet, maire, ministre, …) juridiques (avocat, juge, …), institutionnelles, syndicalistes et associatifs.

But du jeu : initialement, il y avait deux buts à atteindre. Le premier était de lever l’Obligation de Quitter le Territoire Français et d’obtenir un changement de statut (un statut de résident contre un statut d’étudiant) pour Mandela. Le deuxième était de généraliser ce cas à tous les étudiants étrangers qui ne peuvent pas étudier de manière convenable en France et choisir quand ils souhaitent arrêter leurs études et où ils veulent résider ensuite. [NDLR : absolument faux ! (Voir plus loin la Mise en garde) L'objectif principal est le changement de statut de Mandela. Ce qui à soi seul ouvre une brèche. La généralisation à partir d'un point séminal montre bien que les auteurs ont le complexe des échecs et de l'avant-garde, maladie sénile du communisme. La rédaction qui ne joue pas au jeu lénino-féodal, et pas même à la belote, proteste. Jouez au Go, vous verrez ce que c'est que le temps !] Pour des raisons d’exemplarité du cas Mandela ces deux buts n’en font à présent plus qu’un.

Déroulement du jeu : les joueurs doivent franchir plusieurs étapes. Ils sont confrontés régulièrement à des personnages qui peuvent soit les aider, soit au contraire les bloquer dans leur avancée. Il faut alors s’allier avec les premiers pour être plus fort afin de déjouer et mettre à mal, ensemble, les plans mis en place par les seconds. Attention toutefois à certains personnages qui peuvent être les deux à la fois. Aussi, concernant ceux-ci, les joueurs doivent être capable d’agir avec eux si besoin, mais de s’en méfier dans certains cas.

Tout au long du jeu, il faut user de différentes tactiques : discussions, confrontations, manifestations, banalisations, pétitions, communication, etc., avec les différents personnages rencontrés mais aussi entre joueurs. [NDLR : il y manque l'ironie, la satire, et l'humour, soient les trois formes de l'esprit chez Deleuze]

Mise en garde : comme dans toute équipe, il peut y avoir des désaccords entre les joueurs, tous venant d’horizon différents. Si parfois, le jeu et son but peuvent s’entremêler à d’autres jeux avec d’autres buts, il faut faire attention que ces derniers ne prennent pas le dessus, afin de ne pas compromettre le bon déroulement du jeu.

Soyons joueurs !

[NDLR : devenons-le, ce qui est plus difficile !]

mercredi 7 avril 2010 14h bâtiment D Université Paris 8 (M° Saint-Denis Université) amenez votre gâteau favori vos ressources essentielles un film des gens une puissance une persévérance dans l'être et autres aventures élégantes et précieuses ...

samedi 3 avril 2010

L'oeil bleu de l'Etat s'ennoircit rue du Regard par le truchement des sciences de l'homme



Ce n'est pas sans une certaine ironie que l'État a choisi le 1er avril pour expulser nos amis de la rue du Regard. Mais ce n'était pas non plus sans se composer un certain regard, grâce à ses ressources académiques et à une certaine vision des sciences de l'homme :

Chères et chers collègues,

Ce matin, les sans-papiers de la rue du Regard ont été évacués par la
police. Il n'y a pas eu d'arrestation. Dans le cadre de la préparation
de cette opération, nous avons eu hier la visite de personnels de
police qui ont demandé à installer une caméra sur le toit de l'immeuble
du 54.

La responsabilité de la sécurité du bâtiment incombant au président de
l'Ecole, cette demande verbale a été adressée à François Weil, qui l'a
refusée. Les services de police ont alors transmis à l'Ecole en fin
d'après-midi une réquisition écrite, et ont donc pu installer leur
dispositif sur le toit tôt ce matin. Il a été démonté à la fin de
l'opération.

Nous avons fait part de notre indignation au vice-chancelier des
universités de Paris, au cabinet de la ministre de l'Enseignement
supérieur et de la Recherche et au cabinet du Premier ministre,
l'utilisation des locaux de l'Ecole et de la FMSH pour une opération de
police étant inacceptable. Nous adresserons dans les prochaines heures
un communiqué aux agences de presse et transmettrons une protestation
écrite au préfet de police et aux ministres concernés.

Nous vous prions de croire, chères et chers collègues, en l'assurance de
nos sentiments solidaires,
François Weil Michel Wieviorka

mardi 30 mars 2010

Manif du 18 mars (suite et fin) : chassez les noirs essaims de la mélancolie


Pour finir sur cette journée de manif, par notre reportère spéciale, la belle hélène :

Daté du "pic" au vendredi 19 mars,

Aujourd'hui, l'OQTF [levée - NDLR] arrive à son terme, avorté certes, mais présent tout de même.

Ce qu'on expulse alors c'est :
  • le contenu d'une poubelle ;
  • la bile noire [melancholia - NDLR] ;
  • et quelques boules de poil.
[et nous regagnons en concentration mathématique - NDLR]


samedi 27 mars 2010

Scènes de sororisation à Paris 8


De quoi Mandela est-il le nom ?

L'anthropologue :
C'est en se donnant la situation globale des sans-papiers que nous arriverons à saisir la singularité de Mandela comme cas exemplaire.

La philosophe :
Toute subjectivation collective trouve sa source dans les singularités éparses, la consistance du sujet émancipé nait de l'inconsistance des multiplicités en devenir.

L'anthropologue :
Mais la singularité est dans tout et tout est dans la singularité. Elle construit le collectif et le collectif se construit à partir des tactiques de la singularité pour contourner ses codes imposés.

La philosophe :
Le singulier est un point de vue de l'universel, toute universalité sans point de vue est une universalité sans contenu.

L'anthropologue :
euh... Autodétermination des peuples et peuplement des déterminations ! Le point de vue de l'universel peut être une totalisation qui produit son dehors comme reste méprisable.

La philosophe :
Oui mais, à défaut de ta mère, tu te contentes de ta grand-mère !

L'anthropologue :
Bien sûr, car si l'on est dans un cas de matrilinéarité, la grand-mère porte la structure sociale et la transmet. Tu appelleras le fils de ta tante « mère » (dans le système cryptonien).

La philosophe :
Mandela, ta singularité m'est essentielle, je te manipule comme instrument de propagande, schizophrénie tactique, débrouille toi avec ta névrose !

L'anthropologue :
Ta singularité est un tiers dans la situation de guerre duale où nous nous trouvons. Nous sommes tous névrosés.

La philosophe :
Nous sommes tous des anthropologues maliens !

L'anthropologue africaniste :
Sauf Moi !

La philosophe :
Car je est un autre.

L'anthropologue :
Et l'autre c'est moi !


BOUFFE MANDELA
Mardi 30 Mars
12H00 ( Heure anthropo-logique)
Bâtiment D
SOLIDARITE ETUDIANTS – ENSEIGNANTS – TRAVAILLEURS SANS-PAPIER
Collectif « Nous garderons Mandela »